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Peut-on être féministe et aimer se maquiller ?

Je suis féministe, parce que je suis pour l’égalité des genres, pour la prise en compte et l’acceptation de leurs différences et parce que je suis absolument pour la liberté du droit de chacun et de chacune à disposer de son corps.

En particulier les femmes. Vêtements, poils, rides, imperfections, maquillage… J’ai envie d’une société dans laquelle chacun fait ce qu’il veut, comme il le veut. Je reste quand même consciente de la pression des femmes à devoir toujours se présenter de manière impeccable, et du pouvoir marketing des marques qui utilisent ces injonctions pour nous vendre toutes sortes de produits et d’artifices. Nous faire consommer pour qu’on puisse soi-disant se réapproprier notre image.


En fait, il m’a fallu du temps avant d’accepter mon image. Et aujourd’hui encore je n’en suis pas toujours satisfaite. Mais je me sens bien dans ma peau, mille fois plus que la jeune adolescente maladroite et empotée que j’étais. Et ça, ça n’est pas grâce au maquillage.

En fait, me maquiller a toujours été un plaisir. J’ai été très tôt fascinée par l’intensité qu’un trait d’eye-liner pouvait apporter à un regard ou la capacité d’une poudre à capter la lumière. 

J’ai pris des cours de maquillage et suivit quelques ateliers. J’adorais passer des heures devant le miroir à tester toutes les couleurs de ma palette (alors que j’allais juste partir au lit ensuite 😂). La première palette de maquillage qu’on m’a offerte portait mon prénom et ce cadeau reste un bon souvenir.

Mais il y a quelques années, j’ai du apprendre à me détacher du maquillage parce que j’avais beaucoup d’acné. En fait, à ce moment-là, je ne supportais plus de me voir dans un miroir. Je ne prenais plus aucun plaisir à me maquiller parce que je ne me reconnaissais plus. 

Mon rapport au maquillage a donc énormément changé ces dernières années. J’ai appris à m’émanciper de cette image de mon visage sans maquillage. J’ai appris à accepter mon acné et mes cicatrices. A me réconcilier avec mes cernes qui me donnent pourtant sans cesse l’air fatigué. J’ai appris à apprécier mon visage plutôt enfantin pour mes 30 ans, et mon teint ternis par le manque de soleil hivernal. Mais ça ne m’empêche pas aujourd’hui, dès que l’occasion se présente, de toujours prendre plaisir à me maquiller.   


Une fois, j’ai reçu un message assez culpabilisant d’une personne qui ne me connaissait pas et qui me disait que je ferais mieux de ne pas me maquiller. Que ce soit pour la planète ou par ma santé. En lui expliquant que me maquiller était pour moi un plaisir et que c’était quelque chose que je faisais pour moi et pas pour les autres, elle me répond que je me mens à moi-même.

Alors, évidemment que de rien faire c’est mieux pour la planète hein 🙄. Ne pas consommer du tout ce serait le plus vertueux pour l’environnement. Mais le fait que nous sommes tous des êtres humains. Nous sommes des consommateurs, nous vivons avec notre époque et cette vie a un impact. Alors oui, je me maquille et j’aime ça. Et à travers ma consommation j’essaie de me poser là question : Quels choix je peux faire pour que ce qui me fait plaisir aujourd’hui soit plus en accord avec mes convictions ? Chaque jour, je m’interroge sur les alternatives pour que cette consommation soit la moins impactante possible mais je sais bien que je suis loin d’être parfaite. Et que finalement dans l’état actuel de l’urgence écologique, on ne nous demande pas de l’être. On nous demande, on a besoin, d’agir. Je pense juste qu’il y a peut être autre chose à faire avant d’incriminer l’usage du mascara.

En fait, outre le fait que je trouve carrément déplacé de faire culpabiliser quelqu’un ainsi, cet échange m’a permis de prendre du recul sur mon rapport au maquillage, et à remettre en question l’intérêt et le sens même du maquillage pour moi.

Évidemment que l’usage du maquillage est clairement discutable. Je souhaite que tout le monde (homme, femme ou non binaire) apprenne à s’aimer tel qu’iel est sans maquillage. Mais c’est justement pour ça que je prend plaisir à me maquiller : je ne maquille pas pour me sentir plus jolie ou me « corriger », je me maquille parce que ça me donne une p*** de confiance en moi et que ça me fait un bien fou. 

C’était une make up artist qui m’avait enseigné ça lors d’un atelier : le maquillage n’est pas là pour gommer les défauts ou nous transformer en quelqu’un d’autre mais bien pour mettre en valeur un visage, dans sa plus fière singularité.


Si je vous raconte cette anecdote c’est aussi et surtout parce que je ne souhaite pas qu’on essaie de culpabiliser qui que ce soit par rapport à des choix qui lui sont strictement personnels. Encore moins quelqu’un qu’on ne connaît de l’autre côté de l’écran.

Le fait d’avoir ou non de me maquiller ne me regarde que moi et moi seule. 

On parle ici de consommation responsable, c’est vrai parce que c’est essentiel. Mais il serait bien hypocrite de croire que parce qu’on peut se passer de quelque chose, on devrait tous arrêter de le faire. Nous sommes avant tout des êtres humains, dans notre entièreté et nos contradictions.

Lorsque j’ai partagé cette histoire sur instagram, j’ai eu plusieurs messages de soutien de la part de femme. Et un seul message négatif de la part d’un homme.

On peut ne pas être d’accord sur tout mais on ouvre la discussion avec respect et bienveillance, les réseaux sociaux sont suffisamment culpabilisants à eux seuls comme ça.

Faites les choses pour vous.

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